Post Partum : la critique

 

 

Un film dont la protagoniste principale fait froid dans le dos et signe un remarquable jeu d'acteur au sein d'une atmosphère pesante et angoissante. À découvrir absolument !

 

 

Réalisateur : Delphine Noels

Acteurs principaux : Mélanie Doutey, Jalil Lespert et Françoise Fabian.

Langue : Fr.

Durée : 95 min. 

 

 

I. Résumé de l'intrigue

 

Un jeune couple de vétérinaires, Luce et Ulysse, attendent leur premier enfant, une fille, Rose. La vie leur sourit et de beaux jours les attendent le long de la côte atlantique où ils ont installé leur clinique vétérinaire. Luce accouche. Avec son enfant, elle ne sait comment s'y prendre. Elle n'en fait pas assez ou trop, agit à tort ou néglige. Luce panique devant cet être innocent qui pleure. Au bord du gouffre, Luce doit affronter des blessures qui paraissaient pourtant profondément enfouies.

 

II. Analyse

 

II. 1. Le thème principal: le "post partum"

 

Sans surprise, Post Partum traite du .... post-partum. Vus les couleurs rouge et noir de la jaquette du DVD et l'expression d'impuissance et de désespoir de Mélanie Doutey, nul doute qu'il s'agit d'un film sombre, mettant en scène une fracture psychologique humaine. 

 

Le thème principal du film ne peut donc être plus limpide : le post-partum survenant après l'accouchement comme l'indique l'expression latine consacrée, laquelle fait référence à la période entre l'accouchement et le retour des premières règles. Il s'agit d'une période cruciale de remaniement physiologique, hormonal et psychologique pour la mère : premiers contacts avec le nouveau né, installation de la relation mère-enfant, etc. Les symptômes de la dépression post-partum (DPP) ou puerpérale (du lat. "puer" signifiant "enfant") sont bien connus : humeur dépressive, perte d’intérêt, perte ou gain de poids, insomnie ou hypersomnie, agitation ou ralentissement psychomoteur, fatigue ou perte d’énergie, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive, diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer, hallucinations, pensées de mort ou idées suicidaires. 

 

Dans la culture judéo-chrétienne, la venue d'un enfant est systématiquement présentée comme un "cadeau du ciel", un "don de Dieu", avec pour archétype, la naissance de l'Enfant Jésus. C'est donc à un sujet largement tabou auquel s'attaque la réalisatrice Delphine Noels. Elle choisit de présenter cette naissance comme un cataclysme destructeur pour la mère. À cet égard, les thèmes connexes du post-partum, la vie et la mort, réalités indissociables et complémentaires de l'existence humaine, sont abordés dès les premières scènes du film. Luce, étant elle-même en fin de grossesse, s'efforce de mettre bas un veau. Elle n'y parvient pas. Pourtant elle tire de toutes ses forces sur les pattes du veau. La vache souffre. Ulysse arrive à la rescousse et fait sortir le veau à l'aide d'une vêleuse. Dans le cabinet vétérinaire, Luce doit faire saillir une chienne. Elle masturbe le chien, dont le maître s'exaspère. Rien n'y fait. La saillie ne se fera pas. C'est à ce moment que Luce perd les eaux. Elle met un terme à la consultation. Les maîtres s'éclipsent avec leurs chiens. Luce, au lieu de se précipiter à l'hôpital, temporise. Elle a encore une consultation : une euthanasie. Luce, sur le point de donner la vie, donne en réalité la mort. Ces prolégomènes symboliques plantent le décor. Noels, avec une économie de moyens et une puissance évocatrice, renforcée par un cadrage serré et agité, plonge le spectateur au cœur de la procréation, l'enfantement et la mort, une triade envisagée sous l'angle de la frustration : la vache n'a pu mettre bas naturellement, la procréation n'a pas lieu par impuissance, indifférence ou dégoût, enfin, la mort est triste et sans cérémonial. Luce met au congélateur le chien mort avant d'enfin se rendre à l'hôpital pour y donner la vie.

 

(à suivre)

 

II. 2. La femme et son rôle dans la société moderne

 

 

(à suivre)